Les mêmes qui hurlent à tout va dès qu'ils soupçonnent un propos "discriminant" à l'égard de certaines "minorités" ne s'offusquent pas, bizarremement, de l'emploi intempestif et, ô combien galvaudé, du dénominatif "jeune".
Encore aujourd'hui, on peut lire :
"Deux jeunes tués dans une fusillade à Saint-Ouen"(nouvelObs.com)
"Deux jeunes tués par balle en Seine-Saint-Denis" (Le Monde.fr)
"Deux jeunes meurent dans une fusillade"(20minutes.fr).
Mais à quoi ces journalistes font-ils référence exactement ? A des voyoux, des malfrats, des dealers... ? Pourquoi ne pas les nommer avec exactitude ? Dans ce cas présent, les "jeunes" étaient respectivement âgés de 25 et de 29 ans.
Je pose la question : à quel âge est-on "jeune" ? A deux, six, dix, quinze, vingt-neuf voire trente-cinq ans ? La moitié de la population serait donc concernée... C'est grave, docteur ?
Pour ma part, je côtoie au quotidien "des jeunes", bien que je préfère employer le mot "élèves".
Ce n'est pas parce que certains d'entre eux sévissent dans les cités en terrorisant les habitants des quartiers, en dealant ou en s'affrontant en bandes armées qu'il faille jeter l'opprobre sur la jeunesse tout entière.
Tous les "jeunes" n'ont pas, en effet, envie de se voir assimilés à des malfrats, des dealers ou des délinquants. L'emploi abusif du vocable "jeune" est particulièrement discrimatoire ! La Halde devrait méditer sur le sujet...
"Un jeune a poignardé une enseignante dans un établissement sensible situé dans un quartier difficile". Faut-il un décodeur pour déchiffrer ce message ?
A titre de comparaison, imaginez ce genre de titre : "Des vieux ont fait irruption dans une pharmacie pour dévaliser des quantités astronomiques de Viagra"...
Véronique Bouzou