La loi d'orientation du 23 avril 2005 prévoit «la réussite de tous les élèves ». Bel objectif que celui-ci ! Presque une profession de foi... Mais afin que ce voeu ne reste pas pieux, tous les moyens sont mis en oeuvre pour atteindre cette injonction - une supplique devrais-je dire - du Ministère.
Ainsi, pour que la méthode Coué fonctionne à plein régime, l'enseignant est conduit vers la voie de l'autosuggestion consciente. Pour l'aider dans ce parcours semé d'embûches, des inspecteurs pédagogiques sont là pour lui rappeler qu'il n'existe pas d'échec scolaire, qu'il n'y a que de mauvais professeurs. C'est donc à lui et lui seul de s'adapter au nouveau public d'élèves qu'il accueille dans ses classes.
Mais l'enseignant n'est pas démuni. Des outils sont mis à sa disposition pour l'aider à parvenir à ses fins. Le livret de compétences ronronne à son oreille pour lui rappeler que les élèves ne sont pas mauvais, qu'ils sont capables de réaliser maintes tâches. Et tant pis pour les erreurs d'orthographe. Rassuré, le professeur valide les compétences...
Tant que les enseignants refuseront de revoir leur niveau d'exigence à la baisse, il est à craindre que «la réussite de tous les élèves» ne demeure à l'état de credo irréalisable. Les professeurs sont donc sommés d'investir impérativement dans l'achat de nouvelles lunettes ! Car l'échec scolaire est juste une illusion d'optique. En modifiant leur point de vue et en déplaçant le curseur, les professeurs s'apercevront, à l'instar de Candide, que «tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles» !
Dans un avenir radieux, il n'y aura plus d'échec scolaire. Quand l'Ecole aura décidé qu'à l'âge de 17 ans, un élève doit être capable d'épeler son nom et de l'écrire sans faute, l'Education nationale, soulagée, pourra se prévaloir d'avoir atteint son but.
VB