Extraits : Une part importante de la violence contemporaine résulte du désir d’être respecté, du sentiment de ne pas l’être, de la colère suscitée par un regard de travers ou un regard tout court lorsqu’il fallait baisser les yeux pour manifester sa soumission. C’est le club de football qui a manqué de respect à un joueur en n’acceptant pas ses conditions financières. C’est le mec qui a manqué de respect à ma sœur. C’est le professeur qui a manqué de respect à l’élève en lui mettant une mauvaise note assortie d’une appréciation négative. « J’ai encore en mémoire, écrit Véronique Bouzou, professeur de français en zone dite « sensible », le visage d’un élève qui s’était avancé vers moi sa copie à la main, pour me demander sèchement : ” C’est quoi cette vieille note que vous m’avez mise ? ” ». Selon lui, la raison de sa mauvaise note ne faisait aucun doute : c’était de ma faute et pas de la sienne. J’ai réussi à lui faire reconnaître sa mauvaise foi quand il a relu à haute voix sa copie, totalement illisible. Mais je crains de plus en plus la réaction imprévisible des élèves qui prennent une mauvaise note pour un manque de respect et qui le font payer cher à leur prof. »
Source : Causeur