Les résultats du baccalauréat et du brevet des collèges sont tombés et les élèves goûtent à présent de vacances (bien méritées?). Néanmoins, il n'est pas inutile de rappeler que « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement. Et les mots pour le dire parviennent aisément ». Cette sage maxime de Nicolas Boileau, homme de Lettres du XVIIème, je la recommande nom seulement aux futurs lycéens mais également à toutes celles et ceux tentés par le jargon actuel dont voici en substance la teneur indigeste : « Du coup, j’voulais vous dire qu’au final, y’a pas de souci. C’est énorme ! Genre, trop bien ! Du coup, voilà ! Du coup, c’est clair, non ? »…
Aussi clair que lorsque j’entends un estivant reprocher à son compagnon de se montrer « INreconnaissant ». Et d’ajouter, quelque peu dubitatif : « C’est comme ça qu’on dit, non ? » NON ! Absolument pas ! Quelle ingratitude pour la langue de Molière ! Boileau, reviens ! Pardonne-les, pauvres pêcheurs, de martyriser ainsi le beau langage…
Ces lacunes et approximations linguistiques vont de pair avec certaines formulations béates et pavloviennes qui viennent très fréquemment heurter les oreilles désabusées des sceptiques et autres pauvres hères lucides. Ainsi, que penser des exclamations quasi injonctives telles que « Elle est pas belle la vie ! », « Que du bonheur ! » « Profite ! », « Je veux un bisou ! » « On est tous des… » abrutis ? Telle est la question…
Le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a fait part de sa volonté de remettre les fondamentaux au cœur de l’enseignement en primaire, parmi lesquels, la langue française, présumée occuper une place de premier choix. On ne peut que s’en réjouir. De même, on est droit d’espérer que les effectifs réduits dans les salles de classe promis pour la prochaine rentrée en CP dans des zones d’éducation prioritaire offrent aux écoliers la possibilité d’acquérir une solide maîtrise de l’expression orale…
Encore faut-il que les professeurs qui ont la charge d’élever les plus jeunes vers les (hautes) sphères de la connaissance donnent l’exemple ... les professeurs, ainsi que tous les adultes en charge de la jeunesse, notamment pendant les vacances scolaires. Or, maîtriser la langue française ne va pas de soi dans une société de l’immédiateté où les tweets, SMS et autres raccourcis tiennent lieu de discours organisé et où le sacro-saint téléphone portable – ou iPhone – fait figure de véritable totem pour son utilisateur qui ne s’en séparerait pour rien au monde, même pas durant un repas (entre amis ?) …
Le cerveau des plus petits agit comme une éponge qui absorbe le meilleur comme le pire. Il est donc grand temps de sonner la fin de la récréation et de tordre le cou aux « du coup » effrénés et autres formules abusives, oh combien impropres à la consommation ! J'invite donc chacun, en ces temps de repos estival et de pratiques sportives en tous genres, à ne pas délaisser l'intellect...