Quelle n’a pas été ma stupéfaction lorsque j’ai appris que si à la rentrée, un cas de covid était détecté dans une classe du secondaire, les élèves vaccinés pourraient continuer à suivre les cours dans leur établissement scolaire tandis que ceux non vaccinés, seraient, d’après le ministre de l’Éducation nationale « évincés » et devraient « suivre l’enseignement à distance ».
Foutaises ! En termes d’organisation, tant humaine que matérielle, un enseignant peut difficilement faire cours à certains de ses élèves dans une salle de classe et dispenser des cours à distance aux autres. Le fameux « en même temps » ne s’applique pas dans les collèges et lycées, n’en déplaise au locataire de l’Élysée.
En tant qu’enseignante, je m’insurge contre l’instauration d’une école à deux vitesses qui priverait les élèves non vaccinés de cours en présentiel, de sociabilisation avec leurs autres camarades, de sorties scolaires culturelles ou bien encore d’activités physiques et sportives. Sans même parler de la gêne occasionnée pour leurs parents qui devront s’organiser en conséquence.
J’ai toujours considéré que le rôle de l’école de la République était d’intégrer tous les élèves et leur donner une chance équitable d’accéder au savoir et à la citoyenneté. Pour la devise « Liberté, égalité, fraternité » pourtant placardée sur tous les frontons des écoles de France, on repassera ! Et allez faire un cours sur la lutte contre les discriminations dans une classe où les chaises vides sont légion du fait des élèves « évincés » !
À ce sujet précisément, le ministre de l’Éducation nationale, interrogé sur les inégalités que ces mesures pourraient engendrer, s’est contenté d’indiquer que « depuis le début nous raisonnons en termes de moindre mal et non de situation idéale ». Au pragmatisme froid du politique j’oppose l’idéalisme de l’enseignante que je suis et qui a déjà prévu de réserver en priorité ses heures de cours aux élèves pestiférés car non vaccinés.
Véronique Bouzou
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