
Si aujourd’hui, l’école souffre d’un si grand discrédit, c’est que, inconsciemment, bon nombre d’adolescents perçoivent de façon presque intuitive que tout est joué d’avance. Et leur vie d’adulte viendra trop souvent leur donner raison.
Car la France demeure hélas un pays de passe-droits. Des "castes" invisibles – bien que trop visibles – se reproduisent. Leurs membres, une grosse poignée de privilégiés, ont-ils réellement envie de changer la donne, de réformer l’école par exemple, ou bien encore de réduire les violences faites aux personnes, ou enfin d’améliorer le quotidien de la majorité silencieuse ? Assurément, la réponse est non.
Tout changement induit un risque qu’ils ne sont guère prêts à prendre, de peur de perdre toutes leurs prérogatives. Alors ils font semblant. Les politiques ont ainsi pour dessein de séduire le peuple en période électorale, de lui faire croire que rien n’est plus cher et plus grand à leurs yeux que la vox populi. Puis, une fois les promesses envolées, le cercle "vertueux" des cooptations reprend son cours.
A quand un élu véritablement à l’écoute du peuple, proche de son train de vie et donc de ses préoccupations ? A quand des "élites" méritantes qui, pour paraphraser Beaumarchais, se seront donné d’autres peines que celles de naître pour obtenir tant de biens ?
Les responsables des grands partis politiques, toutes obédiences confondues, vivent des vies dignes de rock stars, aiment le peuple… de loin, surtout lorsqu’il sert leurs intérêts. Car le plus souvent, c’est avec mépris et condescendance qu'ils se comportent avec les petites gens.
Pourtant, respecter le peuple, c’est le vouloir instruit, digne et fort. Tout se joue donc aux fondements mêmes de l’éducation. C’est pourquoi, respecter les professeurs, c’est leur donner le droit d’affirmer leurs exigences, tant pour asseoir leur autorité que pour densifier le contenu de leurs cours. Dans son rôle de transmission, le maître - du latin magnus – n’est-il pas plus grand que le ministre - minus - simple serviteur de l’Etat ?
Réduire l’école à l’état de garderie équivaut à considérer les élèves comme un troupeau de veaux dociles et amorphes incapables de s’élever dans la société. Mais finalement, n’est-ce pas là le souhait latent des "castes" dirigeantes, trop préoccupées qu'elles sont à protéger leur pré carré ? Aide-toi, le ciel t'aidera. L’illusion méritocratique, en quelque sorte…
VB