L’armée
est devenue tendance auprès des jeunes. Je le constate au quotidien
dans mon métier d’enseignante. Dans les salles de classe et les cours de
récréation, je ne compte plus les élèves en pantalons, joggings,
blousons, vestes, survêtements et autres tee-shirts aux motifs de
treillis. Et cela concerne aussi bien les garçons… que les filles.
Derrière le simple effet de mode, j’y vois un réel attrait de la
jeunesse pour la chose militaire, qui se traduit par un nombre croissant
d’élèves désireux de rejoindre, à terme, les rangs de l’armée.
Une élève de troisième qui déplorait depuis des années le fait
qu’elle n’arrivait pas à obtenir des résultats corrects dans la plupart
des disciplines est même venue me trouver un jour à la fin de l’heure,
réjouie, s’exclamant « Ça y est, je me suis inscrite dans une salle de gym. Le sport, ça me donne confiance en moi » et de me demander, dans la foulée : « Vous savez, Madame, ce qu’il faut faire comme études pour rentrer dans l’armée ? »
Et elle est loin d’être la seule dans ce cas. « À l’armée, on sera tous solidaires et il n’y aura plus de différences entre nous ! », me confiait récemment une autre élève. Et une troisième d’ajouter : « Je veux qu’on me dise ce que je dois faire, ça me motive. Je sais que, sans ça, j’aurai du mal à travailler. »
Preuve que la demande d’autorité n’est pas anecdotique et que l’immense
majorité des élèves que je côtoie la réclame, n’en déplaise aux tenants
de la politique de l’enfant-roi et du laxisme généralisé, si chère aux
démagogues de tous poils.
L’attrait de la jeunesse pour l’armée est encore plus marqué depuis
les attentats perpétrés sur notre sol ces dernières années. Alors que
beaucoup d’adultes ont pris le parti de faire comme si de rien n’était,
ânonnant des slogans tels que « Même pas peur ! » ou encore « Vous
n’aurez pas ma haine », les enfants du millénaire, eux, n’entendent pas
rester les bras croisés face à ces événements qui les ont traumatisés à
jamais.
D’autant plus que cette nouvelle génération est en première ligne
face à la montée des revendications communautaristes et de la tentation
djihadiste qui concerne, aujourd’hui, de plus en plus de jeunes filles,
elles aussi en manque de repères et désireuses d’appartenir à une
communauté soudée, fût-elle mortifère.
L’armée n’est donc pas seulement le vecteur de valeurs telles que la
discipline, la loyauté et le courage face à un monde matérialiste fondé
sur le culte de l’apparence et de l’argent, mais également une
alternative à la tentation djihadiste. Aux jeunes femmes tentées de
rejoindre les rangs de l’État islamique, je n’ai qu’une chose à dire :
faites l’armée, pas la guerre !
Tribune parue sur Boulevard Voltaire à l'occasion de la Journée de la Femme 2017.