De quoi a t-on encore le droit de débattre à l'école
intro plus personnalisée (une phrase)
Un professeur d'histoire-géographie d'un lycée de Manosque (Alpes-de-Haute-Provence) a été suspendu pour avoir projeté à ses élèves une vidéo anti-avortement très violente.
"Ce qui s'est passé est inacceptable, les professeurs sont tenus à un principe de neutralité, de respect de la personne", a expliqué le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel (Le Parisien.fr).
Aucun doute sur le fait que la vidéo diffusée par ce professeur d'histoire-géographie est choquante. Pour ma part, je n'ai pas tenu plus de deux minutes ! Je comprends donc les élèves qui ont quitté la salle de classe avant la fin de la projection.
Aucun doute sur le fait que la vidéo diffusée par ce professeur d'histoire-géographie est choquante. Pour ma part, je n'ai pas tenu plus de deux minutes ! Je comprends donc les élèves qui ont quitté la salle de classe avant la fin de la projection.
On peut légitimement s'interroger sur le bien-fondé de certaines pratiques de cet enseignant. Devait-il obliger les élèves à regarder la vidéo dans son intégralité sous peine d'être notés absents ? Je ne crois pas. La cruauté qui transparaît à travers ces images est d'une telle intensité que nul ne peut forcer quiconque à les visionner, à moins de se prendre pour l'un des tortionnaires d'Orange mécanique...
D'autre part, le professseur a-t-il précisé à ses élèves que les scènes avaient été filmées en Espagne - peut-être dans des cliniques illégales - et que ce genre de pratiques barbares n'avaient pas cours en France mais au Royaume-Uni et en Espagne, pays où l'avortement dépasse largement les 12 semaines légales pratiquées en France.
Mais fallait-il pour autant suspendre l'enseignant ? Je ne partage pas la raison invoquée par Luc Chatel, à savoir le "principe de neutralité" et le "respect de la personne" pour justifier cette mise à pied.
Car, sous prétexte de neutralité, bon nombre de professeurs pourraient siéger sur le banc des accusés.
Quant au "respect de la personne",
Et puis, n'y a-t-il pas deux poids deux mesures ? Quid de la neutralité de certains projets pédagogiques qui favorisent la victimisation et la repentance ? Quid de l'intervention de Lilian Thuram qui vient expliquer aux élèves de primaire ce que c'est que le racisme ? Quid enfin des manuels scolaires d'histoire-géographie particulièrement orientés ?
Une fois de plus, la neutralité va toujours dans le même sens...
En fait, cette histoire rappelle les accusations qui avaient été portées envers une professeur qui emmenait des lycéens à Auschwitz pour leur montrer les camps de concentration. Elle aussi était accusée de manquer à ses obligations de "neutralité et de laïcité".
Il me semble que le Ministre de l'Education nationale aurait été plus inspiré de rencontrer le professeur et de lui suggérer d'inviter des partisans à l'avortemement (personnes du planning familial, médecins...) pour présenter aux élèves les deux facettes de ce sujet.
Quoi qu'il en soit, le professeur affirme : "une immense majorité des élèves est contente du débat qui a eu lieu sur l'avortement ; toute une classe vient d'ailleurs de refuser de témoigner contre moi. "
Faudrait-il interdir tout débat qui dérange en France ? Je ne sais pas si le professeur a eu raison ou non de montrer cette vidéo. En revanche, ce dont je suis certaine, c'est que le fou furieux, ce n'est pas l'enseignant mais les bouchers qui se rendent coupables de telles atrocités (les images parlent d'elles-mêmes !).
Si je suis pour le choix des femmes à décider de garder ou non leur enfant, je crois utile de rappeler aux adolescent(e)s que l'avortement n'est pas une décision anodine...
VB